Aujourd’hui, la France compte entre 4,9 et 8,7 millions de
pauvres ; plus de 3,5 millions de personnes sont mal logées et presque autant
font appel à l'aide alimentaire ; 140 000 sont sans domicile, dont 30 000
enfants (Insee 2013) et parmi eux 9 % sont des sans-abris. Ces statistiques ne
comptent évidemment pas ceux qui n’osent pas s’adresser à l’aide sociale. Des
chiffres qui vous effraient ?
La crise persistante continue à pousser chaque jour des gens
vers la précarité. Si la pauvreté frappe plus durement les catégories sociales
fragiles, la détérioration de l’emploi inquiète désormais tous les milieux. Et
cette pauvreté, devenue presque accessible à tous, nourrit un vrai sentiment de
peur.
Je ne ferais pas preuve d’arrogance. Comme beaucoup, lorsque
mes finances étaient au beau fixe et ma situation établie, je m’intéressais
épisodiquement à la pauvreté. De l’émotion face à un terrible témoignage, des
dons à des œuvres humanitaires, de l’indignation à la lecture des études des associations
luttant contre la précarité… Et puis le bien-être conduit tout
naturellement vers d’autres préoccupations.
Pour être aujourd’hui de l’autre côté de la barrière, je me
rends compte à quel point nous devrions tous être en éveil et actifs face au sort
des plus démunis, tant la précarité peut briser un individu. Certes, la pauvreté a
toujours existé et bien fort sera celui qui arrivera un jour à l’éradiquer.
Reste que nous devons avoir conscience que notre manière de l'aborder à une influence et un rôle sur l’orientation de notre société. Nous avons
tendance à croire que les changements sont uniquement du ressort de nos
dirigeants. La pauvreté est l’affaire de tous… y compris des
pauvres !
« Avec de l’argent, on est quelqu’un, sans on n’est
plus rien. Ils ont tous peur que ça leur arrive, du coup ils m’évitent »,
me confiait une dame d’une soixantaine d’années, dans la salle d’attente du
service social, où nous attendions nos rendez-vous respectifs. Oui, moi aussi
je fais peur à ma famille et à mes amis. Cette crainte peut être paralysante, nous pousser
à nous replier sur nous-mêmes, mais elle peut aussi secouer notre vigilance.
Demain, vous pouvez vous aussi connaître la dégringolade et
les fins de mois sans le sou. La pauvreté n’arrive pas qu’aux autres. Réveillons-nous !… Je vous fais peur ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire