dimanche 14 septembre 2014

Un rayon de soleil dans l’administration

Il y a, comme ça, dans la vie des gens qui rendent les journées plus belles. Des petits rayons de soleil qui viennent se glisser malicieusement entre les sombres nuages, un peu comme s’ils étaient missionnés pour partager avec vous un doux instant de bonheur. Cela nous est arrivé à tous, au détour d’une rencontre dans un magasin, un jardin public, à son travail aussi… Là où l’on s’y attend le moins, c’est peut-être dans l’administration.


Au fil de mes pérégrinations sociales, j’ai en effet rencontré plus de têtes chiffonnées, de sourire à l’envers, de voix agacées que de regards compatissants et de visages ouverts. Et pourtant, ils existent ces charmants petits rayons de soleil dans nos administrations sclérosées… Si, si ! Ma conseillère en économie sociale et familiale est d’ailleurs l’un d’entre eux.

L’incompétence, l’inefficacité ou le mépris affiché d’un certain nombre de fonctionnaires font qu’on est tout ébaubi le jour où l’on est accueilli par un travailleur social souriant, plein d’esprit et à l’écoute. Un conseil par-ci, un coup de booster par-là, des rappels humoristiques aux obligations administratives, des dossiers remplis avec patience, parfois à des heures tardives (vous lisez bien !)… Les rendez-vous avec ma conseillère en économie sociale et familiale ont été riches de professionnalisme et d’humanité.

À ce jour, j’arrive à l’étape finale de ma procédure d’expulsion. C’est précisément là que ma conseillère en économie sociale et familiale quitte son affectation pour briller dans un autre service. Après avoir éclairé pendant presque un an et demi mon parcours, c’est avec regret que je vois partir mon « petit rayon de soleil », à qui j’ai envie d’adresser un mot tout simple et sincère : « merci ! »

mercredi 3 septembre 2014

Je vous fais peur ?

Aujourd’hui, la France compte entre 4,9 et 8,7 millions de pauvres ; plus de 3,5 millions de personnes sont mal logées et presque autant font appel à l'aide alimentaire ; 140 000 sont sans domicile, dont 30 000 enfants (Insee 2013) et parmi eux 9 % sont des sans-abris. Ces statistiques ne comptent évidemment pas ceux qui n’osent pas s’adresser à l’aide sociale. Des chiffres qui vous effraient ?

La crise persistante continue à pousser chaque jour des gens vers la précarité. Si la pauvreté frappe plus durement les catégories sociales fragiles, la détérioration de l’emploi inquiète désormais tous les milieux. Et cette pauvreté, devenue presque accessible à tous, nourrit un vrai sentiment de peur.

Je ne ferais pas preuve d’arrogance. Comme beaucoup, lorsque mes finances étaient au beau fixe et ma situation établie, je m’intéressais épisodiquement à la pauvreté. De l’émotion face à un terrible témoignage, des dons à des œuvres humanitaires, de l’indignation à la lecture des études des associations luttant contre la précarité… Et puis le bien-être conduit tout naturellement vers d’autres préoccupations.

Pour être aujourd’hui de l’autre côté de la barrière, je me rends compte à quel point nous devrions tous être en éveil et actifs face au sort des plus démunis, tant la précarité peut briser un individu. Certes, la pauvreté a toujours existé et bien fort sera celui qui arrivera un jour à l’éradiquer. Reste que nous devons avoir conscience que notre manière de l'aborder à une influence et un rôle sur l’orientation de notre société. Nous avons tendance à croire que les changements sont uniquement du ressort de nos dirigeants. La pauvreté est l’affaire de tous… y compris des pauvres !

« Avec de l’argent, on est quelqu’un, sans on n’est plus rien. Ils ont tous peur que ça leur arrive, du coup ils m’évitent », me confiait une dame d’une soixantaine d’années, dans la salle d’attente du service social, où nous attendions nos rendez-vous respectifs. Oui, moi aussi je fais peur à ma famille et à mes amis. Cette crainte peut être paralysante, nous pousser à nous replier sur nous-mêmes, mais elle peut aussi secouer notre vigilance.

Demain, vous pouvez vous aussi connaître la dégringolade et les fins de mois sans le sou. La pauvreté n’arrive pas qu’aux autres. Réveillons-nous !… Je vous fais peur ?