lundi 11 août 2014

Chronique d’une chute annoncée

« Qu'est-ce que tu attends? Vas-y, raconte ! Lance-toi dès maintenant... » Ce sont les mots d'une amie chère qui m'ont poussée, il y a peu, à ouvrir ce blog. Certes, je comptais témoigner de mon expérience, mais plus tard, et dans un livre. Encore un témoignage, direz-vous ? Oui, c'est vrai. Mais de par mon métier (je suis journaliste), je sais combien il peut avoir un impact. Le témoignage prend des formes différentes : journal intime, lettre, mémoires... Le mien sera un mélange de récit de vie et de reportage. Dans quel but ? Certainement pas celui de me faire plaindre à la lecture de mes déboires, mais plutôt dans celui de dénoncer un système qui broie des femmes et des hommes au quotidien.

Aujourd'hui, des centaines de milliers de personnes vivent dans la rue, de jour comme de nuit. Le filet social est devenu si ténu qu'il est très facile de devenir SDF. Paradoxe de notre monde ou le bien-être est devenu une règle d'or et un signe de bonne santé durable, nous faisons fi de l'aspect social et humain de la vie en société, élément pourtant indispensable à l'équilibre d'un État. Combien de gens sont ignorés, rejetés, humiliés, pour la seule raison qu'ils sont démunis. La pauvreté dérange, si elle ne fait pas peur, comme une maladie contagieuse...

Je suis sur le point de basculer dans le monde de ceux qu'on appelle « les sans-abris ». Non par choix d'un bon sujet journalistique, mais par le fait d'une série d'ennuis qui, mois après mois, me poussent inexorablement vers la chute. De longs moments de galère qui m'ont fait, et me font encore, réfléchir à la phrase de Shakespeare : « Il n'y a que les mendiants qui puissent compter leurs richesses. »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire